[ÉDITO DU JOUR] Un minimum de considération pour la Première dame
Que l’on ne cautionne pas la politique définie par chef de l’Etat, c’est notre droit le plus absolu en tant que citoyens.
Que l’on manifeste pour décrier les manquements à la démocratie, à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiciennes, ou contre la gestion des ressources naturelles du Sénégal sous Macky Sall, c’est également le droit des citoyens et l’Etat est tenu de leur garantir un cadre d’expression adéquat, pour éviter que dans le pays où à l’étranger, des citoyens s’en prennent à des symboles de l’Etat ou à ce qui s’apparente comme tel. L’attitude de certains sénégalais de la diaspora, qui ont cherché à humilier l’épouse du chef de l’Etat à New York, n’est pas républicaine. Pas du tout. Traduirait-elle la propension du Sénégalais à faire dans le mélange des genres.
« Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère ». « Ton épouse » devrait-on dire dans ce cas précis. Parce qu’on ne peut pas reprocher à nos épouses les erreurs que nous-mêmes commettons, quoique ces dernières soient les conseillères les plus écoutées devant la multitude de conseillers dont peut disposer un chef de l’Etat.
Si la diaspora sénégalaise a toujours été aux avant-gardes pour porter haut le flambeau de la résistance, pour décrier ce que les compatriotes établis au pays ont du mal à désigner, souvent par peur de représailles, l’on ne saurait comprendre ni expliquer ce déversement de colère et de haine sur la Première Dame taxée de « voleuse ». Où qu’elle aille, elle reste la Première Dame du Sénégal et donc représente le Sénégal, même en l’absence de fonction officielle liée à son statut, un manquement auquel il convient d’apporter des correctifs.
Il en est de même pour les fondations des Premières dames, dont la gestion et le mode de financement font l’objet de tous les fantasmes. Formaliser leur statut et les ouvrir aux corps de contrôle de l’Etat, donnerait plus de crédit aux Première(s) Dame(s), à leurs actions caritatives au profit des couches vulnérables de la population.
La sortie de ces sénégalais de New York n’en est pas moins une humiliation faite à toutes les femmes sénégalaises que représente la Première Dame. Ce n’est pas à Marième Faye Sall qu’il fallait s’en prendre, mais à ce système de prédation de deniers publics qui permet à un chef de l’Etat et son entourage de disposer d’un trésor de guerre qui ne connaît ni comptabilité ni transparence, qui permet d’enrichir les siens et autorise tous les abus