Qui est Elhadj Mame Boye Diao?

Je voudrais commencer cet entretien en saluant tous dans un secteur aussi stratégique que le management. Cet ouvrage dont je suis un des parrains servira à coup sûr aux apprenants dans les différents instituts, mais pourra, au besoin, vulgariser des modèles d’entrepreneurs qui pourront servir de référence à la jeune génération. Je prie aussi pour la pérennisation de cet outil qui se veut didactique. Pour ma part, je souligne que je suis un fils de la Casamance et un pur produit de l’école sénégalaise. C’est un élément sur lequel je tiens à insister compte tenu du débat actuel et toujours d’actualité sur l’école sénégalaise, qui mérite une meilleure approche de la part de tous les acteurs concernés autant les gouvernants que les syndicats, mais surtout le corps enseignant qui a su porter haut le flambeau de notre pays au point que l’on dise que le premier atout de notre pays est sa ressource humaine. Après des études primaires à l’école Abdoulaye DIALLO de Kolda, j’ai fréquenté le lycée Alpha Molo BALDE où j’ai obtenu le bac en 1991. Par la suite, j’ai fréquenté l’UFR Sciences Juridiques et politiques de l’Unité Gaston Berger de Saint-Louis. Titulaire d’une maîtrise en science politique j’ai réussi au concours de l’école nationale d’administration d’où je suis sorti diplômé en section « impôts et domaines ». Depuis, j’ai fréquenté cette administration phare du ministère de l’économie et des finances où, par la grâce de Dieu j’ai gravi tous les échelons jusqu’à occuper aujourd’hui le poste de Directeur des Services Fiscaux Régionaux de la DGID.
Fils de Kolda, région réputée pauvre mais que je qualifie de région des paradoxes en tenant compte de son potentiel, je me suis engagé en politique auprès du Président Macky SALL dans le but d’apporter une meilleure contribution au développement de la région naturelle de la Casamance et au rayonnement de notre pays.
En tant que directeur des services fiscaux régionaux, quelle analyse faites-vous de la fiscalité au SÉNÉGAL ?
Notre administration s’est lancée dans un processus de modernisation ces dernières années à travers un plan de développement stratégique qui a abouti à la signature d’un contrat de performance entre notre direction générale et le ministère de tutelle. Ce dernier a une obligation de moyens à charge pour nous d’atteindre différents objectifs concernant la satisfaction du service rendu à l’usager, la modernisation de notre administration et l’accroissement des performances en matière de recouvrement des recettes publiques. Cette approche a permis une meilleure prise en charge des usagers du service public et surtout beaucoup de réformes autant sur les structures de la DGID que sur le dispositif légal et réglementaire avec surtout comme élément phare l’adoption d’un nouveau code général des impôts sous l’impulsion des autorités étatiques actuelles.
Sur le plan des structures on a vu l’érection, à coté de directions dites fonctionnelles, des directions opérationnelles pouvant mieux prendre en charge l’objectif de satisfaction du service rendu à l’usager. Quant au code général des impôts, outre l’aspect relatif à sa simplification en vue de le rendre plus « digeste », il a permis la baisse de l’impôt sur les salaires, certains droits d’enregistrement etc. Ces différentes réformes ont permis d’avoir une ligne d’action efficiente et un accroissement des recettes publiques. D’ailleurs cette année notre administration ambitionne d’atteindre le cap symbolique de 1000 milliards en matière de mobilisation des recettes. La fiscalité dans notre pays se porte bien et reste dynamique mais elle est surtout davantage impliquée dans le processus de mobilisation des ressources pour l’exécution du plan Sénégal émergent.
Je rappelle que vous êtes responsable politique au parti du pouvoir (APR), qu’est-ce qui vous motive à faire de la politique ?
J’ai un peu brossé cette question lorsque vous m’avez demandé de me présenter à vos lecteurs. En fait, issu d’une région très pauvre et ayant eu la chance de m’insérer dans le circuit professionnel, j’ai été très vite au contact avec les ressortissants de Kolda qui vivaient à Dakar. Cela m’a permis certes d’apporter un soutien à chaque fois que de besoin à ceux qui ont pu me solliciter, mais je me suis rendu compte qu’à l’échelle individuelle on ne peut pas régler tous ces problèmes. Il s’y ajoute que beaucoup de bacheliers talentueux de Kolda renonçaient à poursuivre leurs études faute de soutien financier. Nos autorités politiques locales ont failli quant à la prise en charge correcte des préoccupations de certaines franges de la population. Toutefois mon engagement a beaucoup tardé parce que j’abhorre la politique, car on y note une adversité insensée, surtout de la part de personnes du même parti politique. Le déclic est survenu par un pur hasard car c’est en écoutant le candidat Macky SALL sur un plateau d’une télévision de la place que j’ai souhaité l’accompagner. Je ne le regrette pas car depuis que le Président Macky SALL est au pouvoir une approche novatrice est notée quant au processus de développent de la Casamance et les fils de notre région sentent l’affection particulière que le Président a pour nous.

PLAN SÉNÉGAL ÉMERGENT (PSE), le flan breton du président MACKY SALL, quelles sont ses orientations stratégiques ?
Le plan Sénégal émergent (PSE) est une vision originale sur le choix de développement de notre pays. Il part d’un diagnostic sans complaisance du cadre macroéconomique de notre pays et des contraintes en matière sociale, dans le cadre de l’environnement des affaires, et dans les investissements prioritaires pour définir une feuille de route permettant, à l’horizon 2035 de conduire notre pays à l’émergence. Les axes phares du diagnostic ont trait à: • Un essoufflement des secteurs traditionnels porteurs de la croissance de notre pays combiné à un accroissement des dépenses publiques • Une croissance démographique non combinée à un bon taux de croissance ne pouvant ainsi pas absorber la forte demande d’emploi surtout pour la jeunesse • Des difficultés d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement de même qu’une mauvaise politique d’aménagement du territoire ayant abouti à la concentration de l’essentiel de la population dans une petite portion du térritoire. • Des contreperformances surtout dans le secteur primaire et enfin un retard dans la mise en œuvre de réformes dans le secteur de l’énergie, de l’environnement des affaires et de la dépense publique. Sur la base de ce diagnostic le PSE a été conçu avec trois grands objectifs. Le premier a trait à une transformation structurelle de l’économie nationale avec la consolidation des moteurs de la croissance et le développement de nouveaux secteurs à fort potentiel cela dans un système de maillage du territoire. L’axe stratégique suivant est une politique visant à renforcer la sécurité et la stabilité de la gouvernance en mettant en place un socle de réforme en vue de consolider l’état de droit et le plein épanouissement des potentialités Enfin le dernier axe une politique sociale pouvant mieux exprimer la solidarité avec les sénégalais les plus dé- munis. Sur cette base un pacquage de programmes et projets a été conçu pour un besoin de financement de 10000 milliards dont 64% sur ressources propres ; le reste réparti dans le cadre du partenariat public privé et enfin avec le concours de partenaires au développement. Si le projet est déroulé comme prévu le pays peut prétendre légitimement à l’émergence à l’horizon 2025, mais cela implique son appropriation par tous les sénégalais ; d’où la pertinence de la démarche inclusive adoptée par les autorités publiques.

Quelles sont ses ambitions pour le SÉNÉGAL et pour la Casamance (le sud du SÉNÉGAL) en particulier ?
Je viens de vous décliner à travers le PSE, les grandes lignes de la vision du Président pour le Sénégal. Il s’y ajoute qu’au préalable beaucoup de mesures à impact social fortes ont été déjà adoptées et sont en train d’être déroulées au bénéfice des sénégalais (bourses de sécurité familiale, couverture maladie universelle…). Concernant particulièrement la Casamance, le choix politique de donner une réponse économique à la crise qui secoue la partie méridionale de notre pays est une démarche novatrice porteuse d’espoir. Le président et son gouvernement sont en train de réaliser un ensemble d’infrastructures visant le désenclavement de la Casamance (pont de la transgambienne, route nationale numéro 6, mise à disposition de bateaux réhabilitation des différents ponts de la Casamance…) Il s’y ajoute qu’à travers le PPDC la Casamance bénéficie de financements supplémentaires concernant le secteur des pistes rurales, de la riziculture et du financement de la jeunesse et des femmes. Tout ce programme est en cours d’exécution sans compter l’ouverture de négociation sérieuses mais discrètes avec le MFDC pour un règlement pacifique de la crise. Pour la Casamance, il ne s’agit plus de vision; c’est un programme ambitieux qui est en train d’être déroulé pour le bénéfice des populations du sud du pays et à terme pourra faire espérer une solution définitive à la crise.
Quelle analyse faite vous de la situation économique du SÉNÉGAL ?
Le contexte économique actuel est favorable. La crise qui secouait le monde et qui avait résulté de la crise des « surprimes » est en passe d’être derrière nous. Dans ce contexte, malgré les difficultés qui pouvaient freiner notre essor, le pays a connu une hausse constante de son taux de croissance ces dernières années, grâce à un déploiement approprié des orientations économiques. Aujourd’hui, si on divisait le cadre économique dans les trois secteurs traditionnels que sont le primaire, le secondaire et le secteur tertiaire, on peut constater que ceux qui tirent l’économie vers le haut sont ceux du tertiaire. Quelques secteurs qui connaissaient une crise plus aiguë (tourisme, industrie, pêche) mais des mesures rectificatives ont été lancées dernièrement et l’espoir peut être permis. La transformation structurelle voulue par le PSE doit rendre plus performante le secteur des industries, mais le grand préalable est l’attention particulière qu’il faut apporter au secteur primaire. C’est de ce constat d’ailleurs que découle la nouvelle vision en matière d’agriculture. L’accompagnement prévu à savoir la mise à disposition aux profits des producteurs d’une superficie cultivable de 110 000 hectares dans la vallée du fleuve Sénégal et de 12 000 hectares dans la vallée de l’Anambé permettront à coup sûr d’atteindre l’autosuffisance en riz voulue. Il s’y ajoute que l’agriculture dite de type familial continue de bénéficier d’un soutien conséquent en matière de matériel agricole et d’intrants. Mais toutes les bonnes dispositions qui seront prises pour rendre le rendre le secteur primaire performant, ce qui aura un effet d’entraînement sur le secteur secondaire, ne peuvent être opérationnelles que si une politique énergétique soutenue est réussie avec la disponibilité de l’énergie à un coût supportable pour les entreprises. De même, les infrastructures routières qui sont en train d’être mises en place pour acheminer la production vers Dakar, faciliteront davantage les échanges commerciaux, autant au niveau national qu’à l’international. En somme, avec la relance économique notée ces derniers mois, il est possible d’espérer de meilleures performances de nos entreprises et ainsi escompter un taux de croissance bien supérieur au 4,5 de cette année.

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