« Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ». Cette formule attribuée à Confucius résume la politique sociale de Idrissa Seck. Transfert d’actif (installer des capacités productives au niveau des ménages en difficulté, autonomiser) en lieu et place d’un transfert monétaire souvent détourné par des coxer ou conditionné par une sujétion politique.
LE TRANSFERT D’ACTIFS POUR UN FILET SOCIAL RÉEL
« La nouvelle politique sociale va arrêter le transfert monétaire non conditionnel et non ciblé. Ce transfert monétaire crée un enclos social où les gens restent confinés dans la pauvreté. Je vais mettre en place le transfert d’actifs qui peut être des machines pour les tailleurs, du matériel de coiffure pour les coiffeuses, du matériel pour les maçons et les menuisiers. Ce genre de transfert permettra aux femmes et aux jeunes de sortir de la pauvreté par l’entrepreneuriat. Le transfert d’actif crée un bon filet social qui permet aux chômeurs de rebondir dans d’autres activités génératrices de revenus. Je m’engage à mettre en place un programme de réduction de la pauvreté par des projets de développement et des systèmes de transferts monétaires conditionnels. Pour les ménages qui vivent dans la pauvreté et dans l’extrême pauvreté, je m’engage à identifier les secteurs d’activité potentiels de ces derniers et mettre en place les actions suivantes :
Élevage : Former et donner des moutons à des ménages pauvres vivant en milieu rural avec de l’aliment de bétail pour leur permettre de développer leur élevage et vendre lors des grandes fêtes (Tabaski, Korité etc.) ;
Agriculture : former et distribuer de l’intrant et de l’engrais gratuitement et du matériel agricole à partager par les ménages d’une même localité (semoir, tracteurs, décortiqueuses etc.) ;
Je m’engage à mettre en place un programme de sortie de la pauvreté par le biais du déplacement… »
Commentaire : les bourses familiales n’ont aucun impact sur la pauvreté et on asphyxie les finances publiques pour financer une politique sociale monétaire critiquée de façon diplomatique par le FMI. L’argent reçu par les bénéficiaires ressemble à de la pitance non pour sa modicité, mais parce qu’il maintient l’assisté dans une situation de dépendance chronique. Dans les pays arabes la zakat est devenue un moyen de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales, car elle fait la promotion de la personne en tant source de richesse, producteur potentiel, acteur économique dans la sphère de son activité. Il faut créer, financer et encadrer des activités génératrices de revenus au lieu de perpétuer la charité au profit des mêmes personnes. La personne humaine est une sources autonome d’action : si elle n’y arrive ce n’est pas seulement de sa faute, la communauté ne lui a peut-être pas offert les possibilités réelles.
LUTTE CONTRE LA CHERTÉ DE LA VIE ET LE CHÔMAGE
« Au même moment, le chômage explose et un large pan de la classe moyenne a régressé dans la pauvreté absolue. Pour pallier cette situation, des politiques hardies seront mises en place consistant principalement en :
-La mise en place d’un cadre de régulation et de stabilisation des prix des denrées de base et coûts d’accès à des services de base (eau, électricité, transport publics, santé, éducation, …) s’appuyant, entre autres, sur l’instauration d’un Etat modeste ;
-L’orientation de l’agriculture vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire de manière à affranchir notre économie de la dépendance en denrées importées ;
Un dispositif institutionnel de veille et d’alerte permettant de mieux prévenir les fluctuations économiques intervenant régulièrement sur le marché mondial ;
-Un accroissement accéléré de la production de richesses, par la création d’un surplus significatif mobilisable pour l’investissement, ceci étant la voie la plus sûre pour permettre à chacun, par le biais d’une plus juste répartition, d’assurer son bien-être. Il est illusoire de penser éradiquer la pauvreté autrement que par la création de richesses et d’emplois pérennes et convenablement rémunérés. La solution qui sera adoptée dans ce cadre est à mettre en synergie avec la création massive d’entreprises et d’opportunités d’affaires. Enfin, pour enrichir et mettre en œuvre ces propositions, une véritable concertation avec toutes les forces vives, pour identifier les principaux enjeux liés au pouvoir d’achat, sera rapidement entreprise…… ».
Commentaire : il faut noter d’abord que la notion d’autosuffisance alimentaire est plus ambitieuse que la politique d’autosuffisance en riz. Les Sénégalais ne devraient pas se focaliser sur le riz : il faut diversifier les choix alimentaires en mettant sur les marché une quantité suffisante de produits alimentaires transformés d’après les nomes internationales et susceptibles de subvenir les besoins en protéine et autres éléments nutritifs. Il faut, pour ce faire, créer une chaîne de valeurs par des industries et des unités de transformation (PMI) des produits agricoles, horticoles, de la pêche, de l’élevage etc.). Il y énormément de possibilités offertes par une politique de transformation ambitieuse de nos ressources halieutiques : nos élèves devraient pouvoir passer la journée à l’école sans être obligés de manger du pain sec. Nos enfants sont de moins en moins attachés à l’école à cause de l’austérité qui y règne : c’est un facteur inhibant aussi bien sur le plan psychologique que sur celui des compétences intellectuelles. Il y a des efforts dans certains lycées consistant à instituer des cantines scolaires, mais la qualité de l’alimentation fait défaut. Il faut booster les la production de produits halieutiques et maraîchers, de viande pour compenser le déficit de calorie qui frappe nos élèves. Le marché, c’est avant tout la production et la consommation : il faut, dans ce pays, qu’on trouve un moyen d’ancrer la consommation dans nos traditions de production. Promouvoir le consommer local ne peut pas être un simple credo : c’est plutôt une manière de financer intelligemment des moyens de production, des activités de production et des habitudes de consommation sur la base des résultats de la recherche.
« Augmenter le pouvoir d’achat des ménages, au-delà des mesures conjoncturelles Je m’engage à :
Mettre en place des mécanismes visant à encourager entrepreneuriat au niveau de tous les secteurs d’activités ;
Créer une source de revenu stable que seul le secteur primaire [agriculture, élevage…] est capable de donner. Malheureusement moins du quart des ressources du pays lui sont allouées. Il faut donc le valoriser et favoriser le retour à la terre. Pour rappel, le secteur tertiaire [banque, assurance, téléphonie…] concentre environ 70% des ressources ;
Indexer les salaires sur le coût de la vie ;
Instaurer un salaire familial adossé à une activité génératrice de revenus. Je vais procéder à une réforme profonde du système de retraite au Sénégal, pour non seulement endiguer la souffrance des pensionnaires actuels mais aussi et surtout par anticipation sur un avenir proche qui se caractérisera par la montée de l’effectif des retraités d’une part, la stagnation du niveau des pensions et l’augmentation du coût de la vie qui entraînera la baisse sensible du pouvoir d’achat et d’une certaine manière l’aggravation de la pauvreté pour de nombreux chefs de famille. ».
Commentaire : L’augmentation du pouvoir d’achat des ménages, c’est avant tout la valorisation de leur activité. Dans chaque famille rurale ou urbaine pauvre il y a curieusement une activité, un métier qui a du mal à devenir une source réelle de revenus suffisant pour entretenir ladite famille. Pourquoi ne pas faire profiter à ces familles d’un salaire familial dont la finalité est de fructifier l’activité de et de faciliter l’écoulement du produit dans le marché de la consommation ? Il s’agit d’actions concrètes que le gouvernement, à travers la direction à entrepreneuriat (on n’a pas besoin de ministère pour le faire) réalisera de façon ciblée et planifiée suivant des objectifs à échéances précises. Il est aussi urgent d’élargir le champ de la pension à la retraite aux artisans, paysans, pêcheurs, etc. : un être humain ne devrait pas être laissé à lui-même, après l’âge légal de la retraite, sans revenu. C’est contraire la morale humaine que de compter sur la solidarité traditionnelle informelles dans un univers social de plus en plus individualiste. Bref, il faut trouver une façon intelligente de concilier la solidarité spontanée aux exigences de la société actuelle.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal.