Notre Dame : « La reconstruction est possible, la question est de savoir comment »
« La reconstruction de Notre-Dame est sans conteste possible mais des choix nombreux devront être opérés quant à la manière dont cela se passera », explique mardi Carolina van der Star, experte en conservation et restauration au département Patrimoine de l’Université d’Anvers.
Des choix devront toutefois être opérés sur la manière dont la cathédrale sera reconstruite », poursuit Carolina van der Star. « L’édifice a subi au 19e siècle d’importants travaux de restauration: l’architecte français Viollet-le-Duc dessina entre autre la flèche qui s’est effondrée lundi. Ces adaptations seront-ellles reconstruites, les restaurateurs feront-ils le choix de remonter dans le temps ou opteront-ils pour une interprétation plus contemporaine? « .
Une chose est sûre: ce qui a échappé aux flammes devra faire l’objet d’une analyse en profondeur. « Les pierres et les vitraux ont subi un choc thermique énorme », poursuit l’experte. « Il est très probable que les murs ne sont plus assez solides et qu’ils devront être abattus avant de pouvoir à nouveau construire. »
Disposer des plans originaux s’avère toutefois crucial pour reconstruire de tels monuments historiques, ajoute l’architecte Toon Breyne qui a travaillé sur les chantiers de rénovation de la cathédrale Saint-Martin d’Ypres et sur celui de la reconstruction de la Halle aux Draps, toutes deux détruites par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale. « Paris se trouve face au même défi que mes prédécesseurs voici 100 ans. »
« La Halle aux Draps qui date du 13e siècle faisait l’objet de travaux de rénovation depuis sept ans quand elle a brûlé. L’architecte avait donc une image précise du bâtiment. Et c’est très important afin de pouvoir ensuite reconstruire. »
Toon Breyne est également d’avis que la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame pourra se faire rapidement. « Le marché public pour la cathédrale Saint-Martin date de 1922 et la nouvelle église était inaugurée huit ans plus tard seulement. Une reconstruction rapide de Notre-Dame me paraît donc faisable. » Il existe toutefois une différence notable entre la Belgique où les travaux de rénovation sont subsidiés et la France qui dépend pour cela essentiellement de dons.
C’est pour cela que nos voisins d’Outre-Quiévrain éprouvent plus de difficultés à maintenir leur patrimoine en état, explique l’architecte mais il ne fait fait aucun doute qu’ils trouveront de l’argent pour un tel monument, ajoute l’expert.
Des grandes fortunes vont sortir leur carnet de chèques
Plusieurs grandes fortunes ont en effet annoncé vouloir sortir leur carnet de chèques: la famille Pinault a ainsi promis 100 millions d’euros, suivie par le groupe LVMH et la famille Arnault, première fortune de France, qui a annoncé un don de 200 millions. L’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac), et la famille Bouygues, ont promis chacun 10 millions d’euros. Le géant pétrolier Total a annoncé, quant à lui, à la mi-journée un don spécial de 100 millions d’euros.
La question de la sécurité incendie demeure toutefois primordiale, selon les experts. « Si l’on peut compartimenter un appartement, on peut difficilement installer des portes coupe-feu dans des espaces aussi grands que la cathédrale Saint-Martin ou à Notre-Dame. La détection préventive des incendies est donc essentielle. Installer des sprinklers est possible mais avec le risque qu’ils se déclenchent accidentellement. Concernant les extincteurs à poudre, les lieux sont beaucoup trop grands », souligne l’architecte. Le plan catastrophe doit également contenir une liste des objets prioritaires à sauver en premier lors d’un sinistre.
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