Insurrection et actes terroristes au Sénégal : La main du Qatar ? (par Mamadou Mouth BANE)

C’est le journal français «Canard Enchaîné» qui, dans sa publication numéro 5352 du Mercredi 07 Juin 2023 révèle : «l’opposant qui se réclame de l’islam (local) mouride, est également partisan de la peine de mort et de la «criminalisation » de l’homosexualité. Ce qui, entre autres, lui vaut l’appui des Frères musulmans ».

Le journal français, citant un diplomate marocain, d’ajouter : «L’argent du Qatar (principal bailleur de fonds des Frères) inonde le Sénégal pour convaincre les mourides de soutenir Ousmane Sonko ».

A la lumière de ces révélations de «Canard Enchaîné», trois remarques s’affichent :

1-la confirmation de l’implication des Frères musulmans dans le jeu politique sénégalais

2-l’argent du Qatar finance des actions politico-religieuses au Sénégal.

3-le Qatar (3e pays producteur de gaz) veut avoir sous son influence, le Sénégal, qui va démarrer sa production de gaz en 2023.

Si, comme l’a soutenu le journal français, le Qatar est le «principal bailleur de fonds des Frères », la piste de Doha, dans les activités insurrectionnelles au Sénégal, peut être bien prise au sérieux.

Nous osons espérer que le Qatar n’en veut pas au Sénégal pour son soutien au Général Ahmed Al Raisi élu président d’Interpol (décoré par le Chef de l’Etat du Sénégal, chevalier de l’ordre national du Lion) et pour son amitié affichée et assumée, aux Emirats Arabes Unis (EAU). Le président sénégalais passe souvent ses vacances aux EAU…

Alors, pourquoi le Qatar s’intéresserait-t-il au Sénégal ? L’on sait que, ce n’est pas la première fois que le Qatar s’implique dans des affaires sénégalaises et africaines. Ce pays, avait accepté de jouer un rôle de médiateur dans l’affaire Karim Wade gracié puis exilé à Doha. En Mauritanie et au Tchad, le Qatar avait joué de son influence pour intervenir dans ces crises politiques locales. L’on connait également les liens forts entre le mauritanien Moustapha Chafi (il est fréquent à Dakar où il loge à l’hôtel Radisson) et l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. Ce mauritanien avait organisé l’unique tournée africaine de l’émir.

Au-delà du volet politique, les dessous économiques et géostratégiques dans la démarche du Qatar, sont à intégrer dans le diagnostic, pour mieux comprendre l’ingérence supposée de Doha dans le jeu politique sénégalais.

Le Sénégal va faire son entrée dans le club des pays producteurs de pétrole et de gaz. Or, le Qatar, 3e producteur mondial de gaz, entend s’imposer sur le marché sénégalais, peut-être pour barrer l’accès au Maroc et à l’Arabie Saoudite, principaux partenaires du pays de la Téranga. Depuis plusieurs années, Doha cherche à exporter son influence et «son » islam, dans les pays à majorité musulmane sunnite en Afrique de l’Ouest qui représentent un marché potentiel de près de 150 millions de musulmans.

En plus, il faut signaler que le rapprochement entre Dakar et Moscou (Russie) premier pays producteur de gaz, selon le classement de 2022 du site «mes-finances.be », n’arrangerait pas l’axe Paris, Doha, Alger.

Le Qatar veut rester maitre dans le marché mondial du gaz. Et, il semble estimer que, les nouveaux producteurs comme le Sénégal, ne devraient pas échapper à son influence. Il faut dire que, le fait d’héberger sur ses terres, l’un des principaux opposants au régime de Macky SALL, Monsieur Karim WADE, ne leur suffirait pas. Ce qui pourrait expliquer les leviers religieux et financiers activés pour influencer le jeu politique en perspective de 2024. Si Ousmane Sonko est affilié et soutenu par les Frères musulmans comme l’a dit le «Canard Enchaîné», c’est que le Qatar contrôle désormais, deux opposants au régime de Macky SALL : Karim Wade et Ousmane Sonko.

Malgré les excellentes relations entre Dakar et Doha, cela ne devrait guère être une surprise. Car, en pleine «lune de miel» entre Me Abdoulaye WADE alors Chef de l’Etat et Ahmedinejad ex-président de l’Iran, Yahya Jammeh avait commandé des cargaisons d’armes (armes destinées au Mfdc ?) convoyées depuis Téhéran via le Nigéria où les convoyeurs iraniens ont été arrêtés. Ousmane SONKO, ancien Ministre gambien de l’Intérieur était impliqué dans ce trafic. Qui disait que les Etats n’ont pas d’amis…

Aujourd’hui, les révélations de «Canard Enchaîné» sur le rôle des réseaux qataris, dans la crise politique au Sénégal et ses accointances connues entre Doha et Paris, semblent confirmer la thèse de l’existence d’une alliance contre le régime de Macky SALL. Surtout, lorsqu’on sait que la France est presque devenue une commune du Qatar en terre européenne. Quelqu’un disait : «La France appartient au Qatar».

En partant de ces constats, peut-on subodorer l’implication de réseaux clandestins, avec des ramifications entre Doha, Paris et Dakar, dans la crise politique au Sénégal ?

Alors, qu’est ce qui peut expliquer, la ligne éditoriale à charge contre le Sénégal des média : France 24 et Al Jazzera depuis deux ans ?

Des informations nous sont parvenues. Elles font état de lobbyistes financés pour démarcher des députés français dont le rôle est de mener un combat politique contre Macky SALL. D’ailleurs, récemment, des cas de corruption de ce genre, ont été révélés en France impliquant des députés et BTM TV. Il faudra alors chercher qui se cache derrière ces parlementaires français qui planifient des sorties dans la presse pour critiquer les autorités sénégalaises.

PETROLE, GAZ ET TERRORISME

Il existe un lien étroit entre les découvertes de gaz et la naissance de mouvements insurrectionnels (djihad) dans ces pays en Afrique. Prenons l’exemple de ces quatre pays : le Mozambique, l’Ouganda, la RDC et le Sénégal.

Il a été remarqué que les Frères musulmans s’activent dans tous les pays africains producteurs de pétrole, donc de gaz. Par exemple, en Afrique, les plus grands pays producteurs de gaz sont : l’Algérie, l’Égypte et le Nigéria. Ces trois pays connaissent des crises politiques marquées par l’émergence de mouvements insurrectionnels et djihadistes.

L’Egypte est le berceau de la doctrine des Frères musulmans qui ont étendu leur influence sur toute l’Afrique du Nord, jusqu’en Algérie, terre d’origine du Groupe Islamique Armé (GIA ancêtre de GSPC, d’Aqmi, de Mujao et d’Ansardine), et le Nigéria lieu de naissance de Boko Haram.

Attention ! Dans certains pays arabes, Frères musulmans, GIA, Boko Haram, Aqmi et les autres mouvements identiques, sont considérés comme des ONG légales, au service de l’Islam. Cette perception est différente de celles que les occidentaux et les africains ont de ces groupes armés violents.

Ensuite, les occidentaux créent des Agences pour développer leur politique étrangère dans les pays africains et ailleurs. Ces agences financent des organisations de jeunesse. Souvent, elles s’invitent dans la politique locale pour influencer ou impulser des dynamiques politiques en utilisant les jeunes. OSIWA, OXFAM etc… sont souvent soupçonnées de jouer ce jeu au Sénégal. Dans l’approche arabe, les Frères musulmans (et d’autres organisations semblables), jouent le même rôle que les agences occidentales installées un peu partout en Afrique. Juste rappeler que ces mouvements religieux, ne s’appellent pas partout : «Frères musulmans». Par exemple, en Tunisie, les Frères musulmans se font appeler : «Ennahdha»

D’autres nouveaux pays africains, où d’importantes réserves de pétrole et de gaz ont été découvertes, ont vu naître sur leur terre, des groupes insurrectionnels et terroristes. Il s’agit de la RDC, de l’Ouganda, du Mozambique et du Sénégal. Ce n’est nullement un hasard.

RDC : Selon des études menées par son ministère, la RDC disposerait entre autres ressources, d’un potentiel de 22 milliards de barils sur l’ensemble des bassins segmentaires, sans oublier les 66 milliards de normo-mètres cube de gaz au lac Kivu. Le président Tshisekedi a souhaité que l’exploitation de ce gaz, soit urgemment attribuée aux géants. Au même moment, l’État islamique est en train de se déployer aux côtés des Forces démocratiques alliées (ADF). Ces dernières sont devenues la branche de l’État islamique dans la Province de l’Afrique centrale (ISCAP) notamment en Ouganda.

OUGANDA : Dans ce pays, la campagne de forage a démarré sur le champ pétrolier de Kingfisher situé dans l’ouest de l’Ouganda. Selon les estimations, il devrait produire «40.000 barils de pétrole par jour» en 2025, a annoncé sur Twitter l’autorité ougandaise du pétrole. En outre, il est établi que le lac Albert, frontière naturelle entre l’Ouganda et la RDC, abrite une quantité de pétrole brut estimée à 6,5 milliards de barils. Ainsi, en Ouganda, des individus proches des insurgés islamistes des Forces alliées démocratiques (ADF) ont lancé des exactions contre les populations.

MOZAMBIQUE : Les richesses gazières du nord du Mozambique sont estimées à 5.000 milliards de mètres cubes de réserves sous-marines de gaz naturel, soit les troisièmes plus importantes au monde selon la Fondation Méditerranéenne d’Etudes Stratégiques (FMES). A l’instar de la RDC et de l’Ouaganda, le Mozambique fait face à des attaques djihadistes à l’Est du pays signées par le mouvement Ahl al-Sunnah wa al Jamma’ah (ASWJ) lié à Daech.

SENEGAL : Pour revenir sur le cas du Sénégal, (bientôt producteur de pétrole et de gaz) il a été révélé l’existence d’une entreprise de déstabilisation qui a réussi à mailler des secteurs importants : l’Administration, les media, l’Internet, les Finances, le Syndicat, les ONG, Société civile, la diaspora etc… Quels ont été les rôles des Frères musulmans et du Qatar dans la gestion de cette entreprise ? Le maillage du territoire national a été réussi avec des connexions en dehors des frontières sénégalaises. Des forces ont été positionnées au Sénégal et dans les pays voisins. Des sources crédibles citent des banques établies dans certains pays limitrophes du Sénégal, d’où proviendrait une partie des financements. Ces opérations financières impliquent des sociétés écrans basées à l’extérieur avec des filiales locales. A ce niveau de l’affaire, les services sénégalais devraient pouvoir remonter jusqu’aux véritables commanditaires et financiers établis hors du Sénégal et hors de l’Afrique pour mettre l’entreprise insurrectionnelle hors d’état de nuire.

Les Frères Musulmans cités par le journal français auraient infiltré les universités sénégalaises à travers des organisations estudiantines. Il faut dire qu’au Sénégal, les dossiers judiciaires (viol et diffamation) ont été les éléments déclencheurs d’une tentative de déstabilisation du pays. Les commanditaires extérieurs de cette insurrection et les exécutants locaux, ont voulu profiter d’un conflit politique mineur, pour dérouler leur plan insurrectionnel.

La question que l’on doit se poser c’est : pourquoi naissent des groupes terroristes dans tous les nouveaux pays producteurs de pétrole et de gaz ?

Dans le passé, certains accusaient les Américains d’utilisaient la CIA et les Français la DGSE, pour renverser des régimes. Mais, aujourd’hui, ce sont les Frères musulmans qui sont pointés du doigt.

Au Mozambique, en Ouganda et à la RDC, les manifestants déroulent un mode opératoire identique à celui appliquer au Sénégal : brûler, piller, saccage, provoquer des morts… Ils visent les symboles de l’Etat et des institutions religieuses.

Si dans le passé, la malédiction du pétrole se traduisait par des guerres civiles (approche occidentale du chaos), aujourd’hui, c’est par une insurrectionnelle terroriste qu’ils provoquent le chaos.

Mamadou Mouth BANE

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