Nous défendre contre le contrôle social Par khady GADIAGA
La sortie médiatique du Président de la République de ce jeudi 22 février montre à quel point, plus les sénégalais aspirent à un horizon dégagé, moins le pouvoir y répond.
À défaut de l’organiser (ni non plus de la corriger), il l’instrumentalise pour élargir sans fin le contrôle social. Ce faisant, c’est la nature même du contrat social tacite nous liant à lui qui est rompue.
Dès lors, il ne nous reste plus qu’à nous défendre. C’est là un droit naturel, qui n’a pas à faire l’objet d’une loi, pour l’autoriser ou l’interdire. Or, le prince n’en a que faire.
En guerre contre nous, il châtie plus sévèrement ceux qui se défendent que ceux qui attaquent. Avons-nous basculé dans quelque chose de nouveau où la frontière entre la citoyenneté et la servitude est plus brouillée que jamais ?
Que faire alors? Ne pas desserrer l’étau de la résistance en cédant au brouillage des pistes visé par un pseudo dialogue ne servant qu’à assurer les arrières du prince, – gonflé à bloc du soutien non désintéressé de sa milice de recalés et de rentiers de la république – et amnistier les crimes économiques et de sang de sa caste de protégés tout en préservant certains intérêts très occultes de l’ordre néocolonial.
Un dialogue de dernière instance pour neutraliser la volonté populaire
Le véritable dialogue auquel les sénégalais s’attendaient tout au long de son magistère, aurait été d’instaurer le progrès par la logique de l’intérêt général.
Car le progrès se construit dans la paix et la paix ne peut s’obtenir qu’en luttant contre l’obsession de l’identité et des intérêts particuliers. Renforcer les ressorts de la cohésion en modernisant le parti pris de l’égalité, retisser les liens de la combativité sociale et des constructions politiques, réconcilier la politique et les catégories populaires, relégitimer l’action politique organisée, restaurer le débat politique en respectant la voix de l’opposition et permettre à chaque entité politique de redonner à son programme et à sa proposition le souffle d’un projet alternatif au lieu de les brimer ou de néantiser leur expression auraient été des actes à poser pour maintenir les fondements de ce qui fait une république.
La légitimité est la qualité qui s’attache à un pouvoir dont l’idéologie, les sources d’inspiration et les critères de référence font l’objet d’une adhésion sinon unanime, du moins très majoritaire de la part des gouvernés.
Hélas, toute sa gouvernance n’a été marquée que de clivages, de partis-pris et de mises à mort des voix discordantes.
Un bilan immatériel macabre qu’aucun dialogue de dernière instance ne pourra enrayer.
Organiser l’autodéfense pour faire reculer le monstre
C’est l’enjeu de la citoyenneté retrouvée qui nous rappelle qu’il faut penser et organiser l’autodéfense pour faire reculer le monstre.
Il ne semble pas excessif d’affirmer qu’à vouloir refuser toute possibilité d’alternance démocratique ou à retarder trop longtemps la relève des générations politiques, le chef de l’État prend le risque de quitter le pouvoir dans des conditions humiliantes et parfois tragiques, sans être assuré, comme autrefois, qu’un État protecteur pourrait l’en prémunir.
Les marches et autres mouvements populaires de protestation dans les rues et les pressions permanentes de la Communauté internationale qui se font de plus en plus pressantes dans le but de ramener le fossoyeur de notre démocratie à une plus juste appréciation des nouveaux rapports de forces et de lui faire accepter le retour à l’ordre constitutionnel, sont révélatrices de la perception que l’opinion sénégalaise et africaine en général et les acteurs politiques en particulier ont des nouvelles lois fondamentales ainsi que des progrès enregistrés sur le terrain de la légalité constitutionnelle.
Il faut corser la résistance pour maintenir l’espoir du retour à l’ordre démocratique.
Ces quelques victoires de la démocratie notées ça et là en terre africaine sont encore si récentes qu’elles restent fragiles, mais elles sont réelles.
Assurer la stabilité d’un nouvel ordre constitutionnel
En fait, il ne s’agit là que d’une étape nécessaire mais non suffisante pour assurer la stabilité du nouvel ordre constitutionnel.
La suprématie du droit établie par le droit constitutionnel constitue le fondement des régimes politiques démocratiques. Elle fournit un cadre approprié qui stimule les efforts pour lutter contre les nombreux maux écrasants et paralysants de la mal gouvernance socioéconomique et institutionnelle.
L’étape suivante est celle de l’immunisation des corps sociaux par la transformation de la culture politique via l’enracinement progressif des préceptes de la démocratie libérale dans les profondeurs du système politique, afin de rendre possible l’alternance au sommet de l’État dans un climat dédramatisé.
S’il en est effectivement ainsi, le droit constitutionnel, à travers des ralentissements puis des accélérations, connaîtra un avenir prodigieux et pourra alors efficacement et de manière durable réguler les crispations électorales et les conflits politiques dans les États francophones d’Afrique noire.
K.G 23 février 2024
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la rédaction Senegalinfo.sn