L’intégralité du discours du ministre des Finances lors de la journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Sénégal

Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Modérateur des travaux, 

Monsieur le Directeur National de la BCEAO pour le Sénégal,

Monsieur le Président de l’Association Professionnelle des

Banques et Etablissements Financiers du Sénégal,

Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux,

Mesdames et Messieurs les membres du Comité National de la Balance des Paiements,

Honorables invités, en vos rangs et qualités,

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un réel plaisir que je préside, pour la seconde fois consécutive, la cérémonie d’ouverture de la Journée de Diffusion des Comptes Extérieurs du Sénégal, au cours de laquelle la balance des paiements pour l’année 2022 ainsi que les projections pour l’année 2023 seront présentées.

Cet événement figure désormais parmi les dates importantes du calendrier économique au Sénégal. L’exercice est important car la balance des paiements est un outil d’aide à la décision et permet de mettre en évidence la politique économique à suivre, en vue de rectifier, au besoin, le déséquilibre extérieur et d’assurer la viabilité externe de l’économie.

En ma qualité de Président du Comité National de la Balance des Paiements, j’exprime ma satisfaction envers les services de l’Etat impliqués dans ce travail, et ma gratitude aux entreprises de l’échantillon qui ont contribué à la collecte et à l’analyse des données.

Je salue la qualité du rapport annuel élaboré par la BCEAO et je me félicite de la production des balances trimestrielles, dans les délais de

90 jours après le trimestre, depuis 2016, avec l’adhésion du Sénégal à la Norme Spéciale de Diffusion des Données (NSDD) du FMI.

Mesdames et Messieurs,

Depuis quelques années, la balance des paiements du Sénégal reflète l’impact des investissements déployés pour le développement des projets pétroliers et gaziers ainsi que les conséquences des multiples chocs sur l’approvisionnement mondial en produits énergétiques et alimentaires, dans un environnement caractérisé par des tensions géopolitiques internationales. Elle reste également marquée par le resserrement des conditions financières sur les marchés des capitaux étrangers.

Dans ce contexte, le solde global de la balance des paiements du Sénégal est ressorti déficitaire de 62,2 milliards en 2022 après un excédent de 142,2 milliards en 2021.

Cette évolution est principalement attribuable à un déficit du compte courant plus élevé qui n’a pu être compensé par les entrées de capitaux.

Le déficit commercial a fortement augmenté pour s’établir à 3.010,1 milliards, du fait principalement des importations de produits pétroliers et alimentaires, impactées par la flambée des cours mondiaux consécutive au conflit russo-ukrainien. Le niveau des importations est également tiré par celles des biens d’équipements, notamment les matériels de transports et les machines et moteurs.

Il convient de relever le comportement positif des exportations avec une structure de plus en plus diversifiée et une progression de 22,5% comparée à 2021.

Le déficit du compte des services a augmenté de 10,9% pour atteindre 1.530,6 milliards, principalement dû à la hausse des coûts du fret et des autres services aux entreprises, notamment dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, une reprise a été notée dans le secteur touristique après les restrictions liées à la Covid-19.

Les comptes extérieurs 2021 font également ressortir une forte résilience des transferts des migrants qui affichent une progression de 4,8% à 1.700,8 milliards, soit 9,8% du PIB. Des réflexions sont en cours pour mieux organiser ses ressources pour leur orientation vers l’investissement productif, en toute sécurité.

Au total, le déficit courant a pu être notablement couvert par des entrées de capitaux, notamment les investissements directs étrangers, les ressources mobilisées sur le marché financier sous-régional et les concours financiers accordés aux opérateurs économiques résidents sous forme de crédits commerciaux.

Cette performance traduit l’attractivité de l’économie sénégalaise qui continue à bénéficier de la confiance des partenaires extérieurs.

Mesdames et Messieurs,

Pour l’année 2023, les projections de la balance des paiements reflètent la décélération des prix internationaux des matières premières, la poursuite du resserrement des conditions financières internationales et une croissance économique interne relativement modérée.

Ainsi, il est attendu une réduction sensible du déficit du compte courant et un niveau soutenu d’entrées de capitaux. Cette dynamique devrait se maintenir en 2024, avec le démarrage de la production des gisements de pétrole et de gaz. Il en résulterait une baisse drastique du déficit courant.

Mesdames et Messieurs, 

La dynamique de la balance des paiements que je viens de retracer nous engage à consolider nos politiques économiques, à accentuer les réformes structurelles pour assurer la stabilité et la croissance de notre économie.

A cet égard, je souligne les avancées significatives réalisées grâce au Plan Sénégal Émergent (PSE), une feuille de route pour l’émergence initiée par Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal. Alors que nous nous préparons pour la troisième phase (PAP 3) du PSE dès 2024, il est essentiel de souligner son rôle catalyseur pour des changements notables dans notre pays.

Au cours des phases 1 et 2 du PSE, nos investissements ont connu un rythme soutenu, jamais égalé auparavant. Cette impulsion, fruit d’un renforcement des capacités de mobilisation de ressources, internes et externes, a stimulé notre croissance et permis de répondre aux besoins sociaux pressants. Résultat : une croissance du PIB réel de 6,5% en moyenne sur 2014-2018 et de 4,2% sur 2019-2023. Même en 2020, alors que la Covid-19 a plongé de nombreuses économies mondiales en récession, le Sénégal a maintenu une croissance de 1,3%, grâce aux mesures audacieuses du Programme de Résilience Économique et Sociale (PRES).

Au total, cette dynamique de création de richesses a entraîné une croissance annuelle moyenne de 5,6% entre 2014 et 2023.

En anticipant la phase 3 du PSE, nous nous engageons fermement à poursuivre cette dynamique positive. Dans cet élan, nous ciblons également un rééquilibrage des soldes de la balance des paiements, afin de renforcer notre position sur la scène économique internationale.

Cette démarche implique une consolidation budgétaire, visant à optimiser nos ressources et à garantir une meilleure efficacité dans nos dépenses publiques. En renforçant ainsi notre base économique, nous pourrons faire face aux contraintes de financements extérieurs, dans un contexte mondial changeant, et internes, sur le marché financier régional.

Cette consolidation budgétaire contribuera non seulement à maîtriser notre endettement, mais aussi à maintenir notre appréciation positive auprès des agences de notation, renforçant ainsi la confiance de nos partenaires au développement.

Mesdames et Messieurs, Chers participants,

Soyez rassurés que nous continuerons de placer la bonne gestion budgétaire au cœur de notre vision pour un Sénégal prospère, équilibré et résilient.

Sur ce, je déclare donc ouverte cette seizième édition de la Journée de Diffusion des comptes extérieurs du Sénégal, avec la conviction que les échanges et les réflexions qui vont suivre contribueront à éclairer nos choix et à consolider notre économie.

Je vous remercie pour votre attention.

La rédaction de Sénégal Info

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